Les « pays de merde » réclament des excuses à Donald Trump
Philippe Duhamel
Le groupe africain à l’ONU a condamné les propos « racistes » du président américain sur l’immigration en provenance de « pays de merde », rapportés la veille.
Le Monde.fr avec AFP | 13.01.2018 à 03h42
Une nouvelle fois, le président américain a choqué au-delà de ses frontières. Les ambassadeurs du groupe africain aux Nations unies (ONU) ont exigé, vendredi 12 janvier, dans un communiqué au langage très fort, des « rétractations » et des « excuses » à Donald Trump. Après une réunion d’urgence qui a duré quatre heures, le groupe se dit à l’unanimité « extrêmement choqué » et « condamne les remarques scandaleuses, racistes et xénophobes » de Donald Trump « telles que rapportées par les médias ».
Le groupe est « préoccupé par la tendance continue et grandissante de l’administration américaine vis-à-vis de l’Afrique et des personnes d’origine africaine à dénigrer le continent, et les gens de couleur » ; se déclarant « solidaire du peuple haïtien et des autres qui ont également été dénigrés » tout en remerciant « les Américains de toutes origines qui ont condamné ces remarques ». « Pour une fois, on est unis », a souligné un ambassadeur à l’Agence France-Presse (AFP), sous couvert d’anonymat.
De Cuba à la francophonie, l’indignation internationale
Samedi 13 janvier, c’était au tour de la cheffe de l’organisation internationale de la francophonie (OIF), Michaëlle Jean, de réagir. Dans un tweet, la secrétaire générale de l’OIF a estimé que « le 1er représentant des Etats-Unis s’exprime en ces termes est indigne, troublant et offensant ». Mme Jean a ajouté : « Qu’il se souvienne que son pays s’est construit par la sueur et le sang, la force aussi d’hommes et de femmes arrachés à l’Afrique, sans qui les #USA ne seraient pas. »
L’ancien ministre français de la Culture Jack Lang n’a pas non plus mâché ses mots samedi en qualifiant quant à lui le président américain de « président de merde » sur son compte Twitter. « C’est un cri du cœur, un cri de révolte après ce qu’il a dit sur les Haïtiens », s’est justifié M. Lang, contacté par l’Agence France-Presse.
« J’ai envie qu’on dise dans le monde entier : “président de merde”, comme un cri de ralliement contre ce personnage humiliant et offensant », a insisté le président de l’Institut du monde arabe (Ima) en France.
Cuba a également fustigé vendredi les propos « racistes, dénigrants et grossiers ». « Ces déclarations pleines de haine et de mépris suscitent l’indignation du peuple cubain », a déclaré lors d’un journal télévisé le ministère des affaires étrangères cubain, Bruno Rodriguez, rappelant notamment l’importance du rôle joué par les Africains et les Haïtiens dans l’histoire de Cuba.
Le président vénézuélien, Nicola Maduro, a, de son côté, demandé vendredi à l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) d’exprimer sa solidarité aux pays « agressés » par le président états-unien. « Dans un premier temps vient le mot de mépris, puis les menaces et ensuite les actes », a déclaré M. Maduro, lors d’un conseil politique de l’ALBA à Caracas.
« Ce ne sont pas les mots utilisés », selon Trump
C’est lors d’une réunion sur l’immigration à la Maison Blanche avec des parlementaires que M. Trump s’est emporté jeudi sur l’immigration en provenance de « pays de merde », des mots qu’il a partiellement contestés.
Sollicitée jeudi soir sur ces propos, la Maison Blanche n’avait pas contesté ou démenti, se bornant à souligner que M. Trump se battrait « toujours pour le peuple américain ».
Vendredi matin, le président des Etats-Unis a réagi au tollé sur Twitter avec une formule alambiquée : « Le langage que j’ai utilisé lors de la réunion était dur, mais ce ne sont pas les mots utilisés », a-t-il affirmé. Plusieurs parlementaires ont de leur côté assuré avoir bien entendu ces mots, ou avoir eu confirmation de première main de la part de personnes présentes.