27e Gouverneur général du Canada (2005-2010)
Son Excellence
La très honorable Michaëlle Jean
27e Gouverneur général
et commandant en chef du Canada
(2005-2010)
En 2005, alors qu’elle poursuit une brillante carrière de près de vingt ans en journalisme, Michaëlle Jean est nommée par le premier ministre du Canada, le très honorable Paul Martin, gouverneure générale et commandante en chef du Canada.
Elle amorce alors une réflexion en profondeur. Comment agir à la tête de cette institution et en faire surtout un espace de résonance, d’idées et d’actions citoyennes? Comment servir les valeurs qui ont toujours été les siennes : solidarité, partage, responsabilité citoyenne, rassemblement, coopération, dialogue, respect, justice, inclusion et cohésion sociale? Comment saisir cette occasion pour mobiliser la jeunesse, établir des ponts solides entre les Canadiennes et les Canadiens par-delà les barrières linguistiques, géographiques, culturelles, économiques et sociales? Non, ses préoccupations, son esprit d’engagement n’allaient pas changer, elle demeurerait fidèle à elle-même et à tous les combats qu’elle a portés.
Assermentée le 27 septembre 2005, Michaëlle Jean accepte les responsabilités pleines et entières et les prérogatives constitutionnelles de la fonction. Elle promet d’agir avec vigueur et de maintenir une présence soutenue auprès des Canadiennes et des Canadiens. Dans toutes les provinces et les territoires, partout où elle se rendra dans le monde pour représenter officiellement le Canada, elle défend les principes de la démocratie, les droits et libertés, le respect de la dignité humaine, le développement des peuples et les plus hautes valeurs universelles.
Première gouverneure générale du Canada de descendance africaine, originaire des Caraïbes et troisième femme à occuper le poste, elle est une source d’inspiration pour toute une génération. Elle se placera résolument aux côtés des femmes et des hommes d’action, ainsi que de la jeunesse en mouvement.
« Briser les solitudes », telle est la devise qu’elle choisit. Ses Armoiries personnelles rappellent aussi le combat victorieux de ses ancêtres haïtiens contre l’esclavage, pour la liberté, l’égalité et la fraternité.
Michaëlle Jean place tout son mandat sous le sceau de l’écoute, de la parole et de la valeur des actions citoyennes, incluant les jeunes. Elle décide d’aller partout à la rencontre des collectivités même les plus isolées, des milieux associatifs et culturels, des groupes sociaux. Où qu’elle aille, y compris lors de ses visites d’État et ses missions à l’étranger, elle donne la parole, elle valide, elle fait connaître et reconnaître les forces vives dans chaque société. Son approche surprend, ravit et devient sa façon de pratiquer la diplomatie citoyenne, de proximité, inclusive et à échelle humaine. Cette présence sur le terrain lui permet de prendre connaissance des réalités, d’en rendre parfaitement compte au gouvernement, de l’aviser et l’avertir judicieusement.
La nouvelle gouverneure générale entame son mandat avec un leadership assumé. Engagement, rigueur et sensibilité lui valent l’affection sincère de la population canadienne et un profond respect des nombreux chefs d’État et de gouvernement rencontrés.
On réclame sa présence, son écoute et ses interventions partout au Canada. En réponse, elle parcourt sans relâche les provinces et territoires, les villes et les collectivités rurales, d’un océan à l’autre jusque dans l’Arctique. Les demandes se multiplient aussi en provenance de pays étrangers qui veulent accueillir cette femme et chef d’État dynamique, chaleureuse, engagée et dont l’histoire et le parcours inspirent et donnent espoir. Elle a le souci d’aller au-delà du protocolaire, elle est elle-même d’un naturel qui captive, elle va vers les réseaux moins formels, ceux des jeunes, des femmes, des artistes et des oubliés, qu’elle met en présence des décideurs, cherchant toujours à rassembler, sensibiliser, briser l’indifférence, provoquer des prises de conscience et l’action positive. Elle œuvre au dialogue et à la solidarité, très attentive aux réalités des populations les plus fragiles, défavorisées et laissées pour compte, notamment les peuples autochtones et les minorités.
Elle multiplie les rendez-vous et les dialogues avec la jeunesse et leur offre une plaforme d’échange et de maillage grâce à la création d’espaces numériques de dialogue comme le site Écoute des citoyens, Citizenship voices, de même que les rassemblements intitulés Points des Arts, Art Matters. Ces initiatives mettent en évidence la culture comme levier de développement, espace de rencontre et de cohésion sociale. La créativité de jeunes engagés socialement et leurs façons d’utiliser le pouvoir des arts peuvent revitaliser leur milieu, agir contre les effets dévastateurs de la pauvreté, l’isolement, la détresse, la violence, la marginalisation, le racisme et toutes les formes de discrimination ou d’exclusion, la toxicomanie, le sentiment d’impasse, la morosité, l’inaction, le décrochage scolaire. Michaëlle Jean et son mari, le cinéaste, auteur et philosophe Jean-Daniel Lafond, parviennent à transformer véritablement l’espace institutionnel du gouverneur général en un lieu d’échange, où la parole citoyenne trouve écho.
Commandante en chef des Forces canadiennes, auprès desquelles elle reste présente, la gouverneure générale Michaëlle Jean, fait preuve d’un solide leadership auprès des militaires déployés en grand nombre dans le cadre de dangereuses et éprouvantes missions en Afghanistan. Elle s’y rendra aussi, non seulement pour soutenir les troupes, mais aussi pour rencontrer les populations afghanes, entendre leurs points de vue, constater l’épreuve d’un pays soumis aux menaces, à la terreur et à l’insécurité permanentes. Elle assiste les familles de soldats décédés au front et lors de plus de 150 cérémonies de rapatriements déchirants; des familles qui, des années plus tard, n’oublient pas la chaleur et la sincérité de ses mots de réconfort et de sa présence à leurs côtés. Elle encourage la mise en place de services de soutien psychologique aux soldats victimes de blessures physiques et psychologiques, ainsi que pour les conjoints et les familles des militaires.
La gouverneure générale Michaëlle Jean place aussi avec vigueur et doigté le rayonnement international du Canada au cœur de son action. À un moment où la politique étrangère est mise à mal par des gouvernements minoritaires d’abord préoccupés par leur survie politique, elle maintient une présence, le dialogue et soigne les liens. Durant les cinq années de son mandat, elle effectue plus de quarante visites d’État et missions officielles à l’étranger : de l’Afghanistan à la Chine, dans dix pays africains, neuf pays des Amériques et plus d’une dizaine de pays européens.
Fin novembre 2008, la gouverneure générale joue un rôle décisif dans une importante crise politique et constitutionnelle qui secoue le parlement canadien. Le gouvernement minoritaire cherche à proroger la session parlementaire en cours, afin d’éviter le désaveu et son renversement par les partis d’opposition.
Il revient à Michaëlle Jean, rentrée d’urgence d’une série de visites d’État en Europe centrale, d’examiner la situation et de trancher. Le pays sort à peine d’une élection, l’une des plus sévères crises économiques mondiales sévit, le leadership au sein des partis d’opposition est faible et, malgré leur offre de former une coalition, ils sont profondément divisés. Elle exige des explications du premier ministre. Dans l’exercice de ses prérogatives constitutionnelles, elle soupèse toutes les options d’une décision qui s’avère complexe dans un climat social tendu. Elle tranche de manière décisive : la session sera prorogée; une décision controversée, mais responsable et longuement réfléchie.
Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre de très forte intensité frappe Haïti. Le désastre fait des centaines de milliers de morts et réduit en ruines la plupart des infrastructures du pays, notamment dans la capitale, Port-au-Prince, et sur toute la côte Sud du pays. Michaëlle Jean met immédiatement en branle une vaste mobilisation et participe activement à l’organisation des secours. Sa diligence, sa détermination dévouée et sa constance en situation de crise suscitent l’admiration.
Début 2010, la très honorable Michaëlle Jean annonce qu’elle quittera sa fonction au terme de la durée traditionnelle du mandat, soit cinq ans. À l’heure du bilan émerge le consensus d’un mandat admirable et vigoureux qui a donné à la fonction sa pleine dimension. Parole tenue, elle aura mis au premier plan les grands enjeux de société et de la démocratie, ceux de la diversité et du vivre ensemble, du respect des droits et des libertés, des questions urgentes de justice et d’équité, des fossés socio-économiques dans notre société et dans le monde, de l’importance d’une culture du dialogue et du dialogue des cultures. Partout, Michaëlle Jean a semé son message d’unité et d’action. Le pays tout entier a pu bénéficier d’une contribution d’une exceptionnelle qualité.
Depuis, Michaëlle Jean s’est taillé une solide réputation de femme d’État aguerrie, reconnue et respectée, tant au Canada qu’à l’étranger. Sa maîtrise des affaires internationales et des enjeux planétaires, son intelligence stratégique, son jugement, sa sensibilité aux questions culturelles et historiques, son éloquence, son investissement passionné dans tout ce qu’elle entreprend, son optimisme inébranlable, sa vision du développement durable et global, ses compétences en gestion de crise, son habileté à rassembler et convaincre, ainsi que ses réseaux diversifiés dans différentes sphères d’influence font d’elle une alliée prisée de nombreux chefs d’État et de gouvernement, notamment au sein de la Francophonie.